Atelier avec la promo 30 de l’Ecole de la Comédie de Saint-Etienne

Tiraillé entre petits boulots alimentaires et création poétique, l’auteur suisse Robert Walser (1878-1956)  pose les questions fondamentales, existentielles avec une apparente légèreté déconcertante. Une grande partie de ces histoires a été rédigée par l’auteur sous la forme de « microgrammes » ; 526 feuillets couverts d’une écriture minuscule au crayon ont été retrouvés. Il faudra 20 ans de travail à deux germanistes pour  déchiffrer et révéler un pan bouleversant de la création de cet auteur suisse.

 La forme théâtrale s’appuie sur la figure emblématique de Helbling, ou celle de Wenzel, personnages dont la maladresse comique et l’angoisse exténuante les apparentent à une sorte de « clowns noirs ». Chacun ici interprète, au féminin comme au masculin, les « multiples » de cette figure allégorique. Tous cherchent une place  dans un monde auquel ils ne semblent pourtant pas tellement vouloir/pouvoir participer. Étranges, visionnaires, Les inquiets questionnent notre époque. La gesticulation sempiternelle et l’essoufflement qui en découle, les actes de bravoure ou le renoncement, tout ce que nous impose la société, son organisation curieuse du monde du travail, l’injustice, la quête du pouvoir, la vitesse de communication, dont Walser redoutait déjà la déshumanisation qu’elle engendrerait, tout est là, avec en prime la poésie walsérienne.

 Ces textes offrent, cent ans après leur parution,  un état du monde troublant tant il ressemble au nôtre. Un début de siècle en proie à la crise, aux  accents menaçants et dont nous connaissons l’issue car l’histoire du 20^ème siècle est écrite. Quant au 21^ème, tout reste possible fort heureusement…