ORFEO ED EURIDICE
Tragédie-opéra en trois actes
Musique : Christoph Willibald Gluck (1714-1787)
Livret : Raniero de Calzabigi Version de Vienne, créée au Burgtheater le 5 octobre 1762
Direction musicale : Jean Claude Malgoire, Emmanuel Olivier
Mise en scène et chorégraphie : Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth
Assistant à la mise en Scène : Michel Barthôme
Lumière et scénographie : Dominique Mabileau
Costumes : Thierry Guénin – Assistant costumes : Stéphane Puault
Orfeo : Philippe Jaroussky – Euridice : Ingrid Perruche
Amour : Olga Pitarch – Danseurs : Corinne Barbara, Eric Grondin, Anne Laurent, Philippe Lafeuille, Fabrizio Pazzaglia, Isabelle Teruel
Chœur : Ensemble vocal de l’Atelier Lyrique de Tourcoing
Orchestre : La Grande Écurie et la Chambre du Roy
Administration Cie Toujours après minuit : Françoise Empio
Administration Atelier Lyrique de Tourcoing : Catherine Noel
Photos Brigitte Eymann
Vienne, 1762 Christoph Willibald Gluck
Tragédie-opéra en trois actes / Livret de Raniero de Calzabigi
En 1761, Gluck rencontre le librettiste italien Raniero de Calzabigi. La même année, ils réalisent le ballet Don Juan, ou le Festin de pierre, auquel succèdent trois grands opéras de la réforme viennoise, Orfeo ed Euridice en 1762, Alceste en 1767 et Paride ed Elena en 1770. Tandis que Calzabigi délaisse l’histoire mythologique d’Orphée au bénéfice de l’expression violente des passions humaines, Gluck épure et privilégie la continuité musicale en parfaite relation avec l’action dramatique. Tout concourt à la manifestation d’émotions pures.
Alors que, dans Orfeo de Monteverdi, l’accent est mis sur le pouvoir divin d’Orphée, ici c’est le rôle de la mort qui est dominant. L’œuvre exprime la fragilité humaine. Euridice meurt et c’est l’inconsolable douleur d’Orfeo. Elle meurt et ressuscite plusieurs fois, comme en rêve, les tourments sont répétés à l’infini. Le désir charnel, la perte de l’être aimé, le pouvoir de l’amour s’enchaînent dans une spirale obsessionnelle.
La chorégraphie et la mise en scène sont indissociables. Pas simplement parce qu’il s’agit d’un opéra-ballet. La danse n’est pas un ornement, un intermède distrayant. Elle est un langage de plus, qui enrichit le propos au même titre que la musique et le texte. Plus qu’une écriture chorégraphique spatiale, la danse est le corps du texte. Elle est directement liée aux personnages et situations évoqués, elle dit l’indicible. Elle est le prolongement sensoriel des mots, la musique devient chair. Partant d’une situation concrète, comme la mort de l’être aimé, elle transcende la signification simple, sublime le rationnel pour atteindre un degré émotionnel absolu grâce à son pouvoir d’abstraction poétique. La danse incarne la défaillance des corps, les chutes vertigineuses mais aussi la jouissance, la puissance physique, le désir. En plus de leur rôle propre, les danseurs sont les reflets démultipliés d’Orfeo, d’Euridice, de l’Amour et du chœur. Ils accentuent le fabuleux, l’étrange, suggèrent au spectateur des images troubles… apparitions, disparitions… rêve, réalité… tourments mortels, pouvoirs divins… vie et mort… Comme la chorégraphie et la mise en scène, le chant et le jeu théâtral sont liés. C’est l’action dramatique qui domine et les trois solistes chanteurs (Orfeo, Euridice, Amour) sont sollicités aussi en tant qu’acteurs. Les airs et récitatifs mettent à nu les émotions essentielles de l’âme humaine. Chanteurs, danseurs, musiciens racontent dans un même souffle le combat désespéré de l’homme contre la mort avec les armes qui sont les siennes : l’amour, la musique, la poésie, la danse, l’art…